Par Jean-François Bobillier | Photo : Myicahel Tamburini/Pexels
Selon son étymologie, le mot « vocation » fait référence à l’« appel ». Face à ce que l’on nomme la crise des vocations, je me questionne : sommes-nous vraiment en situation d’une baisse des appels de Dieu adressés aux femmes et aux hommes de notre temps ?
A chacun d’y répondre, mais nul besoin d’entreprendre une étude sociologique poussée pour percevoir en nous et chez nos contemporains une immense soif de sens, d’absolu, de bonheur, d’amour. L’homme est-il donc assoiffé mais incapable de percevoir la Source, autrement dit d’identifier l’auteur de l’appel ? En toute sincérité je n’y crois pas.
Je suis très impressionné par la capacité qu’ont les personnes rencontrées, notamment à l’hôpital, à dire quelque chose de Celui que je nomme Dieu. Récemment, goûtant aux paroles d’une grande et profonde sagesse prononcées par une petite dame toute fragile, je ne pus m’empêcher de lui poser la question : « D’où cela vous vient-il ? » – « C’est la vie qui me l’a appris » me répondit-elle.
Je cite, en écho, ces paroles de Maurice Zundel : « Dieu ne se démontre pas, Il est la Vie et, dès que l’homme est attentif à sa propre vie, il se heurte à cette Présence merveilleuse, invisible, qui le dépasse infiniment. » Aujourd’hui, les cœurs humains habités de cette « Présence » seraient-ils moins nombreux ? N’y a-t-il pas en réalité abondance de vocations ? Et ne cherchons-nous pas trop à démontrer Dieu ?
A l’écoute de cette parole de Simone Weil : « Chaque être crie en silence pour être lu autrement », je m’interroge encore : les appels ressentis doivent-ils être écoutés, de notre part, autrement ? Sommes-nous encouragés à répondre à ce cri, à cette soif, autrement ? L’accès à la Source peut-il se dessiner autrement ? En somme, l’Eglise est-elle appelée à vivre sa vocation autrement ?